Richard III, première partie

Portrait au 16e siècle – Wikimedia

Mes collègues et enseignants auront déjà entendu mes espoirs – tristement vains – d’assister aux funérailles de Richard III d’Angleterre, dernier roi de la dynastie Plantagenêt, dont les restes ont été découverts en août 2012. Suite à sa mort à la bataille de Bosworth – il fut aussi le dernier roi d’Angleterre à mourir au combat – sa réputation, déjà remise en question en raison de son accession au trône et à la disparition non-résolue de ses deux neveux, fut salie davantage par les Tudors. William Shakespeare solidifia la calomnie en une pièce qui le décrit comme un monstre, tant physiquement qu’émotionnellement.

Certains ont pourtant décidé de chercher la vérité derrière le mythe de Richard, duc de Gloucester, et travaillent durement à restaurer sa réputation. C’est grâce à la collaboration entre la Richard III Society et l’Université de Leicester qu’une excavation archéologique, sous un stationnement automobile, a permis de retrouver la tombe du roi déchu. Couvert à l’ère moderne, cette localisation fut celle de l’église franciscaine de Leicester, où Richard avait été enseveli. En raison de la manière de sa chute et de sa réputation, la tombe aura été oubliée suite à la démolition de l’église.

Les os ont été identifiés de plusieurs manières. Réputé bossu – il souffrait d’un scoliose depuis son adolescence – son squelette portait nécessairement des marqueurs de cette condition. Les blessures reçues à son combat final furent décrites en détail, ce qui apporta un certain poids supplémentaire à l’identification. Une analyse de sol et une autre, dentaire, soutenu la théorie. Le test qui confirma, « hors de tout doute raisonnable », les os comme ceux de Richard III fut la comparaison d’ADN mitochondrial – soit celui passé à travers les lignées féminines. Une descendante avait été localisée en 2004, au Canada, et la comparaison de ce génome à celui des restes présumés confirma la vraisemblance logique de l’identité du défunt.

La tombe dans laquelle il fut retrouvé n’était évidemment pas digne d’un roi d’Angleterre, peu importe la qualité de sa réputation. Des funérailles auront donc lieu en mai, fort probablement à la cathédrale de Leicester, avec tous les honneurs dûs à un souverain. La Plantagenet Alliance milite pour qu’elles aient lieu à York, Richard ayant été le dernier roi yorkiste, mais les chances restent du côté de la ville des Midlands de l’ouest.

TOUT ÇA POUR DIRE, QUE:

Richard III fut duc de Gloucester, et donc évidemment favorable à la ville. Le conseil du compté, en collaboration avec  ses composantes et le conseil municipal, a donc organisé un festival ayant pour thème le souverain, dont une exposition au City Museum de Gloucester qui fut inaugurée le 18 mars dernier.

Parmi les objets exposés, la reconstruction de son visage à l’aide des dimensions et particularités de son crâne.

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Décédé à l’âge de 33 ans

La reproduction est exposée dans présentoir de verre, et disposée à la hauteur qui a été estimée à partir de son squelette. Il n’était pas mentionné dans l’exposition si cette hauteur prenait en compte sa scoliose, qui l’aurait nécessairement courbé.

 

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L’épée présentée à la ville de Gloucester, dont la rumeur veut qu’elle ait été son épée personnelle

Une charte (GBR/I/1/22) a été prêtée par le service d’archives du Gloucestershire – où je fais présentement mon stage. Des panneaux, dont la numérotations permet de suivre le cours de sa vie, sont exposés tout autour de la pièce. Une projection vidéo raconte le processus de reconstruction faciale du monarque.

Comme vous avez pu le deviner, j’y étais. Par contre, en raison de la foule lors de l’inauguration et des présentoirs de verre qui laissent voir les visiteurs de l’autre côté, il était plutôt malaisé de prendre des photos. Une seconde visite sera nécessaire de toute façon, pour mieux apprécier l’exposition. Vous aurez donc droit à davantage d’information et de photos plus tard 🙂

Cet évènement était le premier du festival. Mon amie Karen – archiviste qui m’a introduite à ce domaine, avec qui je travaille pendant ce séjour, et dont la compagnie se révèle toujours être une mine d’or d’information historique – et moi-même avons des billets pour pratiquement tous les autres, d’auteurs et d’experts en histoire, en génétique, en archéologie et en armes pour partager avec le public le travail qui les a menés jusqu’à Richard. L’exposition se termine le 30 mars, et est unique au pays.

 

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